SEVEN SISTERS de Tommy Wirkola

Seconde moitié du XXIe siècle, le monde est surpeuplé, enfin encore plus, et les leaders portent des noms révélateurs. La politicienne Nicolette Cayman instaure une politique d’enfant unique et de cryogénisation des jumeaux, triplés et autres saloperies en trop. Quand sa fille donne naissance à des septuplés, Terrence Settman a un plan débile : les cacher dans un loft, leur donner à chacune comme prénom un jour de la semaine, pense-bête pour leur rappeler quand elles peuvent braver à tour de rôle le monde extérieur sous l’identité de Karen Settman. Le stratagème fonctionne pendant trente ans, puis, un jour, Lundi ne rentre pas.

Noomi Rapace interprète vaillamment tous les rôles

Que racontes-tu au juste, film ? Pour évoquer le tour de force technique de ses sept Noomi Rapace à l’écran, en amont de sa projection au festival de Locarno, Tommy Wirkola tenait ce langage : « It was a pain in the ass. But then, it became a fun challenge » (ça nous a bien fait chier, puis c’est devenu un challenge amusant). Son film se situe à la jonction de ces deux expressions. Seven Sisters est « a fun pain in the ass ». Fun, parce que contre toute attente, Wirkola parvient à s’approprier le script et déconstruit sa promesse de high concept sur l’autel d’un sadisme quasi ricanant, où Noomi Rapace recrée dans chacune des sœurs Settman l’un de ses rôles emblématiques en un étrange menu best-of voué à partir en fumée. A pain in the ass, parce que de façon encore plus inattendue, cet épanchement dans la cruauté ne sert absolument aucun point de vue si ce n’est la politique du grappillage. Un peu de Fils de L’homme pour la direction artistique, de Verhoeven pour la violence, et côté scénario, ça mange à peu près à tous les râteliers SF des 50 dernières années.

Le climax et la conclusion courent tous les lièvres à la fois, comme pour ne se mettre personne à dos. Les grimaces de Glenn Close surlignent a priori la folie de son plan, mais son discours final et surtout la façon dont il est mis en scène tendent à lui donner raison. Le pot-aux-roses n’étonnera que ceux qui ne connaissent pas encore leurs classiques en science-fiction, mais sa révélation couplée à l’ultime plan du film nous balance subitement en plein tract pro-life. En fait, toutes les interprétations sont permises tant le film ne dit rien et se contente de viser la pure efficacité. Comme film de genre assez idiot où rien ne tient scénaristiquement pour peu qu’on s’y penche vraiment, Seven Sisters fonctionne plutôt bien, avec le sourire idiot du molosse hargneux qui fonce tête baissée dans la même porte fermée pendant deux heures. Comme film de science-fiction, il dessine un avenir assez flippant où ce genre, discursif par essence, deviendrait aussi anodin, inconséquent et dégagé de toute responsabilité que les comédies françaises des années 2010.