ALIEN : COVENANT de Ridley Scott

Les androïdes se laissent-ils pousser les cheveux ? L’équipage du vaisseau colonisateur Covenant est réveillé de son sommeil cryogénique bien avant terme, pour réparer quelques avaries et cramer accidentellement James Franco, histoire d’animer son héroïne d’un trauma assez vite oublié. Kenny Powers capte alors un signal musical d’une planète non identifiée. Vous ne trouvez pas ça bizarre, demande la nouvelle Ripley ? Non vas-y ferme ta gueule lui répond le commandant en mal de légitimité. Première erreur de jugement d’une longue série observée avec nonchalance par Walter, androïde nouvelle génération, update atone du David de Prometheus. Lequel n’a peut-être pas dit son dernier mot.

Ridley Scott, l’incarnation du yolo revanchard absolu

Arrête de me jouer du pipeau. Difficile de voir dans Alien : Covenant autre chose que l’effort assez vaniteux de Ridley Scott pour protéger son héritage artistique. Non seulement celui du huitième passager, avec pour but presque avoué de tuer dans l’œuf le projet d’Alien 5 autrement plus stimulant de Neill Blomkamp, mais aussi, de façon plus inattendue, celui de Blade Runner, quelques mois avant la suite tardive de Denis Villeneuve. Damn, pour un octogénaire anobli qui n’a plus rien à prouver, sir Ridley suinte toujours autant l’insécurité et la jalousie qui a téléguidé une grande partie de sa carrière… Cette OPA sauvage sur les thématiques de l’adaptation de Philip K. Dick parviendrait presque, dans une poignée de moments picturalement mémorables, à dissimuler le statut fatalement hybride, limite monstrueux de cette séquelle de prequel / reboot. Les scènes avec Michael Fassbender, quand elles ne s’enferrent pas dans les paraphrases lourdaudes de la moindre amorce de réflexion (y a-t-il un dieu ? Suis-je un dieu ? La création, un mythe ou une mite ?), pourraient délester le projet du poids de son inanité originelle. Au diapason de son vrai personnage principal, Alien : Covenant prend conscience de son absurdité fondatrice et aspire à autre chose. Malheureusement pour lui, il faut nourrir le public, cette bête monstrueuse, de ce qu’il est venu chercher.

Danny McBride, technicien de bord avec plus rien à perdre

Et les trois quarts du film de rejouer un remake patelin, franchement flemmard du déroulé dramatique de Prometheus. Des abrutis débarquent en territoire hostile sans se douter des dangers pourtant évidents, réagissent de façon encore plus stupide et s’offrent en proies sacrificielles pour mieux gonfler artificiellement le body count. Dans ces scènes de mauvaise angoisse, la réalisation de Scott s’emballe, s’agite dans tous les sens par peur du vide. Jusqu’au climax final, bizarrement anti-spectaculaire, Alien : Covenant peine de plus en plus à cacher sa nature de série B grimée en série A (« un bon résumé de la carrière de Ridley Scott », comme me le disait ce coquinou de Daniel Andreyev). Finalement, la meilleure greffe du film reste encore celle de Danny McBride en figure convaincante du cinéma d’horreur, juste avant qu’il ne revisite la saga Halloween avec son complice David Gordon Green.