50 NUANCES PLUS SOMBRES de James Foley

Sa mère la pute à crack. On s’en souvient, le premier film se terminait sur ce plan, terrible, de porte d’ascenseur qui se ferme. Comment Anastasia allait-elle gérer la révélation des élans purement sadiques de son boyfriend milliardaire aux 50 nuances de fucked-uperies ? Bah plutôt bien, en fait. Christian Grey l’inonde de cadeaux, la stalke, la séduit de nouveau en lui révélant son secret : tout petit, il a dû veiller le cadavre de sa mère overdosée pendant trois jours et depuis, il cherche à soumettre sexuellement des femmes qui lui ressemblent (yep). Alors Cricri, on se sent pas mieux après avoir discuté? Prends-moi toute, grand fou.

Christian Grey, l’homme, l’énigme

Les romans de E. L. James sont-ils les pires actes de création de ce jeune siècle? C’est possible. J’ai lu des nouvelles de Dino-porn mieux écrites, plus pertinentes et plus intègres que ces interminables fan-fiction érotiques de Twilight qu’on jurerait pondues en écriture automatique par une enfant de 10 ans avec le talent et l’imagination d’une gosse de 4. Avec sa caractérisation psychologique d’une stupidité à l’avenant, James exalte le désir de soumission à la perversion narcissique, pourvu que le gars soit beau gosse, riche, très riche, très très riche, qu’il se calme un petit peu sur l’autorité parce qu’après tout, la possessivité maladive passe tellement mieux quand on ajoute un «s’il te plaît». Ces livres ne sont pas que cons à pleurer, ils sont aussi profondément nocifs dans leur apologie du prince charmant 2.0 grabant ses proies par la pussy et par le compte en banque. Oh, et ne me lancez pas sur la représentation du SM ou la perception surréaliste du monde du travail.
Croyez-le ou non, ce film, comme le précédent, est une excellente adaptation. Il gomme les dialogues gênants (à l’exception d’un superbe «Je t’interdis de mettre ça dans mon postérieur»), les répétitions stylistiques et les métaphores consternantes.

Jack Hyde, antagoniste falot

Qu’on ne s’y trompe pas, le rythme est mort pendu, la mise en scène se limite à un jeu assez amusant pour réaliser les scènes de sexe les plus prudes possibles, mal montées sur des morceaux tout sauf excitants. Le non-jeu de Dakota Johnson et Jamie Dornan parvient presque à légitimer les réactions imbéciles de leurs personnages, dont la dynamique relationnelle se cantonne à Anastasia fait un truc / Christian est colère / ils s’expliquent / and then they fuck. Vous trouvez qu’il ne se passe pas grand-chose au long de ces deux heures, que les rachitiques rebondissements ne semblent être là que pour relancer artificiellement l’intérêt? Dites-vous bien 1/ qu’à côté des bouquins, c’est trépidant 2/ que le troisième est encore pire. Le spectateur, aussi prisonnier de ce soap opera à deux de tension que des boules de geisha dans l’intimité d’Anastasia, en est réduit à se demander ce que vient foutre un poster des Chroniques de Riddick dans la chambre des tourtereaux.

Assez ironiquement, James Foley, la pauvre baderne choisie pour réaliser les épisodes 2 et 3, fut responsable en 1996 du thriller Fear, dans lequel le personnage de psychopathe mal interprété par Mark Wahlberg avait grosso modo le même comportement envahissant que Christian Grey – bon, un peu plus soupe-au-lait et enclin à l’homicide, certes, mais les schémas relationnels sont les mêmes. Les bad guys d’hier sont devenus les héros torturés d’aujourd’hui. Thanks, OBAMA.