DEADPOOL de Tim Miller

Wade Wilson brûle visiblement de devenir la nouvelle star du stand up, entre la salacerie d’un Bob Saget, la vulgarité inoffensive des derniers disciples d’Eddie Murphy encore en activité, et un zeste de présence inquiétante à la Bill Cosby post révélations rape&revengesque. Quelques mois après s’être trouvé la seule personne au monde qui supporte à la fois son humour et ses goûts vestimentaires, le mektoub lui refile un bon gros cancer généralisé, curable only par un mec louche nommé Ajax dans son entrepôt désaffecté. Le temps de plusieurs expériences doloristes, et voilà Wade obligé de changer son répertoire de vannes pour cause de sale gueule et de super pouvoirs revanchards. Parviendra-t-il à remplir le Comedy Cellar avec son nouveau matériel, alors que la traduction française l’attire ostensiblement dans le côté obscur du Jamel Comedy Club?

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Si ce n’est pas méta, c’est donc son frère. Pour traduire une expression américaine appropriée au champ lexical de notre anti-héros, ce film essaie trop dur. Tellement dur qu’il finit par anesthésier tout enjeu. Oui, le film de Tim Miller s’avère bien plus dark, trash et fendard que votre Marvellerie moyenne vendue au prix de gros entre deux croisements de franchises. Oui, il y a bien quelques belles idées que la critique, dans son immense magnanimité, vous a déjà gâché en vous les racontant mal. Oui, le mauvais esprit fait parfois mouche, selon le bon vieil axiome de la pendule cassée qui donne toujours l’heure juste deux fois par jour.
Mais d’une, le niveau comique s’abaisse plus souvent qu’à son tour à un simple coup de coude dans les côtes du spectateur, qui ne viserait que le rire réflexe, la vanne primaire, cet insupportable comique de description gangrène de l’humour stand up contemporain. Et de deux, en contrepartie de ces petites audaces, le scénario, débarrassé de ses sauts temporels complètement artificiels, peine à dissimuler sa facture classique et ses plot holes que le personnage principal, en toute logique, devrait moquer. Pour manier l’ironie efficacement, le talent visuel ne suffit pas, encore faut-il maîtriser l’écriture cinématographique avec ce je-ne-sais-quoi de grâce indéfinissable pour faire passer du rire au tragique, comme Deadpool tente vainement de le faire dans son deuxième acte avec une maladresse presque touchante. Après, si votre moitié vous fait choisir entre ce film et Les Tuche 2, changez de moitié.