SPIDER-MAN : HOMECOMING de Jon Watts

Tout le monde veut pécho Tante May. YouTubeur avec des super pouvoirs, bizarrement persuadé d’être un geek asocial alors qu’il est le plus beau mec de son bahut que tout le monde adore, Peter Parker cherche désespérément la reconnaissance de son père de substitution, ce gros con de Tony Stark, qui lui fait toujours croire qu’il a mieux à faire alors qu’il passe visiblement son temps à le stalker. Ce qui pourrait être mignon dans l’absolu, si Peter Parker n’avait pas 15 ans et si son Jon Favreau de sidekick ne ressemblait pas de plus en plus au Pedobear. Pendant ce temps, Michael Keaton bricole en grimaçant et Marisa Tomei n’a d’autre choix que de se plier à la triste condition d’objet de concupiscence générale.

Michael Keaton, rebelle quasi sans cause

A 600 000 détails près, un blockbuster honnête. Il y a un ton assez sympathique émergeant occasionnellement de ce 2e reboot de Spider-Man, énième digression filmique de l’univers Marvel qui servira, peut-être, à justifier deux séquences dans les films de groupe. Avec ce qu’il faut de connivence et de sens du rythme entravé, Jon Watts parvient tout juste à faire un peu plus illusion que d’habitude. La scène d’introduction laisse croire à une recherche d’angle originale du côté des méchants, il n’en sera rien. Quelques gags visuels réussis font planer le doute quant au potentiel comique insoupçonné du réalisateur, il se loupe deux scènes plus tard, trop en confiance. Le fan de comédie américaine sera ravi de voir Hannibal Buress, Donald Glover et Martin Starr, avant d’oublier purement et simplement leur présence au fil d’un récit trottinant d’une scène d’action à l’autre et désespérant, comme son héros, qu’on le prenne un minimum au sérieux.

Tous les problèmes du film peuvent se résumer dans les courtes apparitions gaguesques de Captain America en vidéos éducatives : elles sont marrantes mais n’ont strictement rien à foutre là, si ce n’est rappeler que le personnage existe et qu’il s’est rebellé, le tout au détour d’une phrase récapitulative maladroitement assénée. A la deuxième apparition du Captain, le gag devient lourd, et enfin sa séquence post-générique n’est rien de moins qu’un énorme troll moquant les spectateurs restés jusqu’au bout. Trop cool le second degré à la Deadpool ! Il y a même un hommage à Ferris Bueller à la moitié du film, au cas où l’inspiration de ce virage rigolax ne soit pas assez claire.

Kevin Feige devant les chiffres des films DC

Par soif d’absolu critique face au néant, l’on pourra se figurer que Tony Stark, redevenu le temps de ses quelques scènes la sombre merde arrogante du premier film, n’est autre que Kevin Feige, le grand manitou de l’univers cinématographique Marvel gardant toujours un œil sur sa création, la toisant de haut avec une considération affectée et surtout intéressée, tout en condescendance too cool for school. Surinterprétation ? Peut-être. Toujours est-il que dans les premiers Spider-Man de Sam Raimi, un personnage comme Stark aurait été du côté des bad guys, ou tout du moins des seconds couteaux ridiculisés dans une scène slapstick. Dans le monde des blockbusters des années 2010, c’est une figure tutélaire. Thanks, Obama.