IRON MAN 3 de Shane Black

Remplacer cette baderne opportuniste de Jon Favreau par Shane Black, scénariste aussi génial que maudit, est sans doute ce qui s’approche le plus d’une bonne idée dans le Hollywood d’aujourd’hui. Pendant les trois premières minutes, l’illusion tient presque : l’écriture acerbe et désenchantée de Black roule comme jamais sur la langue de Robert Downey Jr, on enchaîne sur une pirouette scénaristique à la Kiss Kiss Bang Bang avant de subir plein pot l’immonde Blue d’Eiffel 65 sur le défilé des logos Marvel et Paramount – une touche de mauvais goût a priori impensable dans le premier « super » blockbuster post-Avengers, et, de fait, assez géniale.

Par la suite, Shane Black est forcé de composer avec le cahier des charges des productions Marvel, quitte à ne faire office que de simple valeur ajoutée. Iron Man 3 charrie les casseroles de ses prédécesseurs – caractérisation à la serpe, scènes d’action tonitruantes mais sans enjeux, humour forcé, suspension d’incrédulité dans ton cul – et Black s’en accommode du mieux possible avec son savoir-faire à l’ancienne, qui transforme tout de même la commande en meilleur film de l’univers Marvel à ce jour, de très loin.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la tâche n’a pas été aisée. Coproduit par DMG Entertainment, la plus grosse société de distribution chinoise, construit de longue date par des hordes informes de costards cravates US pour conquérir l’impénétrable marché asiatique, Iron Man 3 devait notamment gérer un impératif superbement absurde : introduire un adversaire emblématique des aventures dessinées de l’homme de fer, le Mandarin, sans vexer le public chinois. Comment l’auteur s’en sort ? Tout simplement en ruant avec délectation dans des brancards conspirationnistes qui risquent d’énerver une bonne partie du public américain.

Shane Black : quelques grammes de « fuck you » dans un monde servile.