DETENTION de Joseph Kahn

Depuis des années, Joseph Kahn répète à qui veut l’entendre que personne n’a compris son invraisemblable Torque, la route s’enflamme. Jouer les artistes maudits, ça va bien cinq minutes ; lutter contre son image, c’est tout de suite plus intéressant. Kahn mouille le maillot : il réalise, écrit, produit en indépendant. Si le film est un plantage artistique, ce sera uniquement de sa faute. Une attitude courageuse, et payante. Detention est un fourre-tout acidulé qui fonce à cent à l’heure, et qui n’en a rien à foutre de laisser des spectateurs sur le bas-côté. Donnie Darko y partouze avec Breakfast Club, les sous-intrigues s’y emboîtent de force les unes dans les autres, le rétro y vomit le présent et réciproquement. John Hugues y est un dieu, Patrick Swayze un prophète. Les effets clips les plus grossiers y côtoient de spectaculaires fulgurances cinématographiques – le travelling circulaire remontant d’années en années est à ce titre une pure merveille. On n’a toujours pas compris Torque, mais on s’est pris l’une de ces petites claques qui vous rend euphorique.