La collaboration entre le dramaturge Tracy Letts et le cinéaste William Friedkin est sans doute l’une des meilleurs choses qui soient arrivées au cinéma “indépendant“ américain, depuis son étouffant cloisonnement par les dogmes esthétiques en vogue à Sundance. Poisseux, claustro, cauchemardesque, glaçant d’ironie, le binôme Bug / Killer Joe transcende la subversion complexe des pièces originelles à la grâce de son regard cinématographique percutant, qui sait ménager ses effets pour mieux assommer d’un violent coup de trique. Comme Bug, Killer Joe est la lente montée d’un bad trip qui ne peut que mal finir – le tout étant de savoir jusqu’à quel point. Guidé tant bien que mal par des personnages tous plus abrutis les uns que les autres, le film se joue habilement du malaise des situations avec un savoureux mauvais esprit, ne regarde jamais ses crétins de haut mais prend un malin plaisir à les cogner, les torturer, les enfoncer dans leur propre veulerie. A priori moins puissant que Bug dans son discours, Killer Joe reprend du poil de la bête dans son tétanisant climax, véritable uppercut à toute bienséance.
KILLER JOE de William Friedkin
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