PASSENGERS de Morten Tyldum

L’échec de ce film aux enjeux consternants tient pour grande partie au renversement éthique abominable auquel il confronte le spectateur. Soit le passager d’un vol interstellaire réveillé de son sommeil cryogénique un bon siècle trop tôt. En bon gros crevard impatient, il craque et provoque le réveil d’une petite jeune à son goût, en lui cachant bien évidemment la vérité. Ça aurait dû être un retournement de situation sombre au possible, et Chris Pratt un bad guy reconnu comme l’ordure qu’il est. Mais ici, merveille de l’égoïsme contemporain, ça devient une maladresse, limite touchante en fin de compte, oubliée quand le bellâtre risque sa vie pour se rattraper. Et Passengers de muter en une sorte de The Last Face de science-fiction, simple flirt contrarié entre deux top-models dans des décors aussi aseptisés que l’atroce bouillie rock FM balancée en générique de fin, comme une note d’intention sur le retour.