MARIUS de Daniel Auteuil

Le voici donc, le mastodonte cocorico envoyé en première ligne pour battre les yankees à leur propre jeu mercantile. Et le résultat en dit malheureusement long sur l’état de notre exception culturelle. Un acteur improvisé réalisateur puise à la source de son premier succès historique, comptant sur la fibre nostalgique increvable d’un pays en perte de repères patrimoniaux ; devant sa caméra hésitante, des acteurs absents ou cabotins forcent l’accent provençal avec une douleur sans cesse renouvelée. Les cadres sont absurdes, la musique d’Alexandre Desplat révélatrice du surmenage de son auteur, et la prose de Marcel Pagnol, dont on dira poliment qu’elle a fait son temps, sonne comme l’écho d’un vieux cours de français rébarbatif déclamé par un prof refusant de prendre sa retraite.