CHAINED de Jennifer Lynch

Partie tourner un Bollywood apparemment tout pourri contre vents et marées, la fifille à David revient à la raison et à son style de prédilection : le film de genre shooté au malaise complaisamment scarifié. Vincent d’Onofrio, plus Baleine que jamais, élève le rejeton de l’une de ses victimes dans ses préceptes de tueur en série misogyne. Toutes proportions gardées, Jennifer Lynch signe l’équivalent de ce que fut Tideland pour Terry Gilliam : une réponse trash et bien énervée à une énorme frustration artistique ressentie sur un projet précédent. Chained est poisseux, sale, ambigu… et s’égare quand il tente maladroitement de mettre en abyme sa relecture toute personnelle des relations père / fils. Mais le film tient le cap de son dispositif sans jamais jouer sur la manipulation du spectateur, le tout quasiment sans quitter le cadre du huis clos. Mieux : aux incorrigibles qui ne manqueront pas de chercher le sous-texte sur sa relation avec son propre papounet, la cinéaste répond par la mise en scène. Les plans s’étirent, macèrent, implosent en un chuchotement, et fonctionnent sur les deux niveaux de lecture. Au jeu de la dissolution du patriarcat dans ses errances morales, pour l’instant, les réalisateurs japonais (Sono Sion en tête) frappent toujours les plus forts. Mais à l’avenir, il faudra sans doute compter sur les bourrades de Jennifer.