INSIDE LLEWYN DAVIS de Joel et Ethan Coen

On  n’est  pas  obligé  d’être  fan  de  musique  folk  ou  de  la  filmographie  magnifiquement  cabossée  des vénérables frangins  pour  apprécier leur  dernière  livraison mais,  on  ne  va  pas se mentir,  ça  aide. Car  ce parcours  anti­initiatique  d’un  musicien  prenant systématiquement  les  mauvaises  décisions  évolue  à  son propre rythme claudiquant,  et dévoile son  projet  de métaphore  de la  geste  americana  en saupoudrant les indices  piégés  avec  parcimonie. La  narration fonctionne  ainsi  en miroirs  déformants, répétant les scènes sous  des  angles inattendus. A  l’image  des somptueuses reprises  performées  par  le  personnage  principal, l’âme folk y apparaît mise à nu, dépouillée, et toute entière justifiée par le travail d’appropriation d’artistes capables de transformer le fragile dénuement de la formule guitare / voix en force intime.