LE CINQUIEME POUVOIR de Bill Condon

Nul besoin d’être un ardent supporter de Julian Assange pour taxer ce film de véritable propagande à charge contre le fondateur de Wikileaks. Inutile également de rappeler que le réalisateur est responsable (au sens artistique et pénal) des deux horribles derniers Twilight – ce serait franchement mesquin, d’autant qu’au début de sa carrière, Bill Condon a réalisé deux bons films (le mal-aimé Candyman 2 et le superbe Ni dieux ni démons).

Julian Assange, joueur et dubitatif

Autant le téléfilm australien Underground : The Julian Assange Story sombrait dans l’hagiographie et justifiait, à l’instar de l’immense majorité des biopics, les agissements de son héros par son passé douloureux, autant Le Cinquième Pouvoir prend directement le parti de présenter Assange comme un individu louche, ambigu, toujours prêt à fomenter de noirs desseins derrière sa mèche rebelle, toute décolorée fut-elle. La mise en scène abuse de dispositifs grossiers pour charger le trait, et même le jeu nuancé du gigantesque Benedict Cumberbatch ne peut rien y faire.

Le scénario épouse le point de vue du cofondateur spolié de Wikileaks, quitte à sombrer dans le ridicule revanchard dans son dernier acte : OK, Assange a révolutionné l’information du monde moderne, mais il est EGOCENTRIQUE, il a MENTI sur l’infrastructure du site pour arriver à ses fins, il dit du mal de ses anciens amis sur TWITTER et – c’est apparemment le pire du pire si l’on en croit la structure du film – il se TEINT LES CHEVEUX en blanc. Waouh. Vivement qu’Interpol fasse exploser l’ambassade où il s’est réfugié, histoire de montrer au monde à quel point il est blond.