Après Kick-Ass et Defendor (sorti directement en DVD en France), voici un autre héros costumé sans aucun pouvoir mais plus ou moins assoiffé de justice. A l’instar des deux films précités, Super est une relecture de la figure du justicier en costume, mais sans nul doute la plus aboutie, car osant aller sur des terrains encore inexplorés. Cuistot médiocre d’une gargote quelconque, Frank (l’excellent Rainn Wilson de la version US de The Office) ne rayonne qu’à travers son épouse Sarah, ancienne addict. Mais quand celle-ci tombe sous la coupe d’un dealer (Kevin Bacon, encore parfait), replonge et le quitte, Frank désespère. Jusqu’à ce qu’il reçoive un message divin : armé d’une clé à mollette et vêtu d’un costume rouge, il va combattre sous le nom de Crimson Bolt, fracassant des dealers, voleurs, pédophiles ou simplement des doubleurs de file d’attente en beuglant « Attention, crime » ou « Ta gueule, crime », avant de se voir rejoint dans ses frasques par une jeune sidekick un peu trop enthousiaste. Avec le réalisateur / scénariste James Gunn (ancien de la firme Troma et responsable du très fun Horribilis) derrière la caméra, le résultat se révèle forcément très drôle mais aussi, et c’est là tout l’intérêt, particulièrement glaçant. Le film s’attarde sur chaque excès de violence au point de faire de son héros, à force, un véritable psychopathe patenté. Non content de brouiller le processus d’identification traditionnel, et de livrer ainsi sa propre interprétation de l’archétype super-héroïque, James Gunn lui colle dans les pattes une geekette frustrée, bombe sexuelle à retardement qui mettra encore plus à mal les clichés du genre. Qu’on s’entende bien, Super n’est pas seulement une excellente parodie, mais avant tout un film aussi trash qu’attachant. Et il est très trash.
SUPER de James Gunn
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