A peine revenu des landes dépressives désolées de Antichrist, Lars Von Trier embrasse désormais le mal-être absolu sous la forme, à peine métaphorique, d’une bombe lumineuse géante destructrice d’univers. Sous la seule interprétation psychanalytique, Melancholia relève du terreau limite trop fertile sur le rapport du cinéaste aux autres, à sa création, à son putain d’ego, à sa fascination pour l’auto-destruction appréhendée comme phénomène inéluctable une fois l’illumination atteinte.
Et en termes de cinéma, Lars Von Trier retourne complètement le spectateur qui se sera laissé surprendre dans les méandres esthétiquement somptueux de sa narration piégée. La première moitié rejoue toute sa filmographie depuis Breaking the Waves sur la partition du vaudeville glauque et oppressant, la seconde rebondit de sommets graphiques en idées cinématographiques à la simplicité parfois bouleversante (le cercle en fil de fer pour jauger la taille de la planète, la cabane de branches) et surtout, surprend par son tact, sa douceur résolue face au vertige métaphysique du rien, de la fin de tout.
Melancholia, le traumatisme éternel de sa fin, revue en rêves au moins une bonne vingtaine de fois.