On ne va pas se mentir, Shakespeare et Dostoïevski sont loin. Très loin. Ils ont fui à toutes jambes dans un autre hémisphère et à la limite, on peut les comprendre. La projection de Pacific Rim est un grand moment de plaisir à peine coupable, où l’on se fout des punchlines à la con, où l’on tapote nerveusement sur l’accoudoir en attendant la prochaine scène de défouraillage, tout ça pour se prendre des images inédites dans la rétine. Des visions dantesques, à même de réveiller le gamin de dix ans en soi qui exhorte un gros robot numérique à péter la gueule au gloumoute numérique qui lui crache de l’acide fluo à la face. Guillermo Del Toro sait comment titiller chaque membrane d’excitation du geek lambda, c’est un fait, c’est historique, on ne peut pas le nier. Mais surtout, il sait comment tenir sa caméra, composer un cadre, inscrire un plan dans la dynamique d’un récit. Des qualités en raréfaction, qu’il faut louer et remercier pour le bonheur pictural qu’elles procurent, en attendant que Del Toro soit enfin autorisé à adapter Les Montagnes Hallucinées de Lovecraft.
PACIFIC RIM de Guillermo del Toro
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