IL EST DIFFICILE D’ETRE UN DIEU de Alexei Guerman

Plus intimidant, tu ne peux pas. Le film ultime, posthume et inachevé d’un esthète perfectionniste au point de faire passer David Fincher pour une collégienne timide. Trois heures de plans-séquence aussi sublimes que nauséeux, de dialogues abscons noyés dans la merde, le sang et la souillure, de brusques regards caméra assénés par des personnages hagards, perdus dans un cloaque moyen-âgeux dont les effluves puantes semblent traverser l’écran… Nul autre choix que de sortir du film épuisé, en rampant vers la corde la plus proche pour s’y pendre. Qu’importe l’histoire, de toute façon incompréhensible pour qui n’a pas lu le roman des frères Strugatsky. L’essentiel réside dans les puissants traumatismes infligés par l’expérience, les images incrustés au burin dans l’inconscient, les sensations malsaines exhalées sous les crânes en fusion. Pour qui refuse l’expérience, c’est l’enfer garanti. Dans tous les cas, évitons de pogoter trop vite sur la tombe de Guerman, et remercions-le de nous avoir fait ressentir QUELQUE CHOSE.