CORIOLANUS de Ralph Fiennes

Bien dosé, le post-modernisme peut avoir ses avantages – notamment, proscrire toute mention de l’expression « aux résonances contemporaines troublantes » des futures critiques. Mal branlé, le post-modernisme effondre n’importe quelle œuvre sur ses bases. Que Fiennes souhaite passer à la réalisation avec ce texte complexe et méconnu de William Shakespeare, grand bien lui en prenne : sa mise en scène est tout à fait honorable, jusque dans ses tics adorablement ringards (zooms agressifs, caméras à l’épaule parkinsonienne…). Mais n’est pas Simon McBurney qui veut : autant le meneur de l’aventure théâtrale Complicite peut s’emparer de n’importe quel matériau, lui coller de la vidéo, des projections à plusieurs niveaux et des sous-textes politiques à tire-larigot sans jamais larguer son spectateur, autant Fiennes s’embourbe dans ses partis pris. Des GI’s qui défendent une Rome uchronique sous les regards des caméras de télévision, sans jamais dévier du texte original ? Bitch please. Même avec un casting solide (y compris Gerard Butler, qui décrispe la mâchoire), le résultat flirte trop souvent avec le grotesque pour convaincre.