POLICE STORY 2013 de Sheng Ding

Jackie Chan a 60 ans, et cet énième reboot de la franchise qui fit sa gloire n’en est qu’une pénible démonstration. Déjà, de par sa structure bancale, le film ne ressemble à rien : centré sur une prise d’otages dans un bar goth (well, sort of), Police Story 2013 multiplie les flashbacks pour sortir du ronron de son huis clos – dans l’absolu, pourquoi pas, sauf que ces scènes n’ont dans leur immense majorité aucun rapport avec l’intrigue. Elles résonnent comme des agrégats de scènes d’action rejetées d’autres films, et insérées ici à la hussarde pour éviter que le spectateur ne s’endorme.

Le pire reste néanmoins à venir dans ce blockbuster amorphe et gentiment réac, avec LA scène de combat de Jackie contre un homme de main tatoué (on est dans un bar goth, remember). Après avoir tiré la gueule tout du long, au point qu’on se demanderait presque si on ne l’a pas obligé à tourner sous la menace, Chan se fait copieusement défoncer la tronche contre tout le mobilier de l’arène improvisée, tandis que les otages n’ont de cesse de lui répéter « Arrêtez, ne vous relevez plus ». Pour n’importe quel fan de l’acteur, cette scène est un véritable supplice, en comparaison duquel les vannes racistes qu’il a subi avec une dignité outragée au long des trois Rush Hour ressemblent à une balade de santé.

Même le coutumier bêtisier du générique de fin apparaît sinistre. Le processus d’humiliation d’un des plus grands artistes martiaux du cinéma est en marche depuis une dizaine d’années, et rien ne peut plus l’arrêter. Par amour pour Jackie Chan, le public devrait arrêter de regarder les derniers relents de sa filmographie, et lui garder la place de choix qu’il mérite dans nos souvenirs souillés.