BEASTS OF THE SOUTHERN WILD de Behn Zeitlin

Pour savourer pleinement ce qui restera à n’en point douter la plus grosse mandale cinématographique de 2012 (le film sort le 12 décembre), le mieux reste encore d’en savoir le moins possible. N’allez pas voir la bande-annonce, ne lisez aucune ligne du scénario, ne regardez même pas l’image qui illustre ce texte, en fait, brûlez votre ordinateur. Découvrez le film vierge de toute attente. Laissez passer les cinq premières minutes, jusqu’à l’arrivée du titre, pour succomber à sa dynamique. N’essayez pas de trouver à quelles œuvres il pourrait vous faire penser, sa singularité disqualifie tout rapprochement. Les émotions qui le constellent sont inédites. Ses multiples beautés foudroient, la dignité rageuse de son héroïne galvanise comme rarement. La fin, succession vertigineuse de gestes cinématographiques puissants, vous terrasse. Entre deux torrents de larmes, vous souriez : non, le temps ne rend pas le cinéphile blasé ; les authentiques chefs-d’œuvre et les visions fulgurantes se raréfient, c’est tout. Beasts of the Southern Wild (Les Bêtes du Sud Sauvage, en français) est de ces films qui vous donnent envie de défoncer des moulins à vent à mains nues, d’hurler pour vous sentir vivant, puis d’étreindre tendrement ceux que vous aimez. Son réalisateur Behn Zeitlin, également coscénariste et coauteur de la magnifique bande-son, est un génie. Si vous ne devez voir qu’un seul film au cinéma avant la fin du monde, autant que ce soit celui-là.