ALIBI.COM de Philippe Lacheau

Recyclage.com. Vous voyez cette trame de base qu’on retrouve dans à peu près 12 276 comédies françaises des dix dernières années, où un mec se fait passer pour ce qu’il n’est pas (généralement pour impressionner une nana), se fait gauler, descend aux enfers cinq minutes, se reprend en main, se fait pardonner dans une scène de confession publique parce qu’il a changé and love is all ? Bah voilà, encore une, enrobée de tout, absolument tout ce qui pourrait donner envie au disciple du Chaos de s’arracher l’appareil reproducteur à mains nues pour préserver toute progéniture potentielle du monde que ce machin lui promet.

La Bande à Fifi, ce fléau

Mieux que du cinéma, un business-plan. Imaginez un peu: caméo de Norman, JoeyStarr une nouvelle fois à savoureux contre-emploi gay trop lol, Kad Merad à l’air tellement triste, Mimi Laroque dans le dur, l’apparemment inévitable Chantal Ladesou. Ajoutez des références 80’s trop conniventes – mais alors vraiment trop, du graveleux, de la cruauté envers les faibles et, enfin, la figure humoristique tutélaire old school venue se faire humilier. Tout est réuni pour tourner en rond dans le grand carrousel de la  »comédie » avec des guillemets de quatorze mètres de haut, même plus embarrassée de bouffer à tous les râteliers pour racoler. Il faut reconnaître à l’inglorious Bande à Fifi d’avoir capté un air du temps à même de faire oublier qu’au fond, ils se contentent de trimbaler leurs dégaines et leur humour approximatifs dans des genres tellement usées que les coutures lâchent de partout, tout le temps, à chaque contretemps comique chelou pas vraiment fait exprès – Tarek Boudali et Julien Arruti, ou la douleur faite vannes. Si cet assemblage de séquences grossièrement déguisé en film raconte une chose, c’est à quel point Didier Bourdon est un héros pour prendre sur lui avec une telle abnégation. Il reste digne en toute circonstance, encaisse comme un champion, tel un double angélique de Christian Clavier dans le registre du mesquin moyen drapé dans ses défauts. Didier vaut mieux que ça, il le sait, mais n’en laisse rien paraître. Ce n’est pas LA classe, mais une forme d’élégance. Toujours ça de pris.