Babylone babies. Jeanne embringue mari et enfant dans une ZAD plus ou moins menée (même s’il n’y a pas vraiment de chef) par Jean-Paul, son ancien prof de yoga. En lutte contre un projet de parc aquatique, ces adeptes d’un style de vie alternatif, loin des sirènes consuméristes de Babylone, séduisent autant la femme qu’ils agacent gentiment son époux, Victor. Ce qui n’était qu’une expérience communautaire un peu pénible pour le nouveau venu va virer à la survie post-apocalyptique en milieu hostile. Sont-ils les derniers survivants d’une pandémie foudroyante ? Ce mode de vie amènera-t-il la paix et l’harmonie dans le nouveau monde ? L’enfant est-il une fille ou un garçon ? Tant de questions, si peu de réponses.
La première comédie française drôle de 2017. Coucou Romain Lévy et Philippe de Chauveron, ça va les garçons ? Bien remis de toutes vos émotions ? Faites-nous plaisir, descendez de vos piédestaux de martyrs de la liberté d’expression où vous n’avez rien à faire, munissez-vous d’un calepin, d’un stylo et prenez des notes. Dans l’absolu, ce film contient infiniment plus de matière que vos derniers machins pour énerver une France insoumise à l’humour rance comme à toute critique de la gauche en général, la France qui se lève tard et se facepalme lorsque Ruth Elkrief se demande à voix haute si l’écologie n’est pas, au fond, un truc de bobo. Problemos ne fait pas dans la demi-mesure dans son étalage de clichés des milieux altermondialistes, au point, FORCEMENT, d’éveiller une suspicion idéologique bien vite balayée par un minimum de patience et de mise en relief comique malicieuse. Vous suivez toujours, Romain et Philippe ? Ce n’est pas obligatoirement comme ça qu’il faut s’y prendre, mais ça vous donne au moins quelques clés de compréhension de là où vous avez si piteusement échoué.
L’habile scénario de Blanche Gardin et Noé Debré rejoue à sa micro-échelle biaisée les rapports de domination, de sujétion sociale entre des personnages finement croqués dans leurs mesquineries, leurs hypocrisies ou leur aveuglement. Tous pourris ou débiles, le film désamorce de fait les pièges de la question politique par un récit un peu convenu, pas nécessairement maîtrisé – il aurait tout aussi bien pu durer une heure de plus ou de moins sans que ça ne change véritablement le propos. Sa vraie force réside dans des dialogues à se tordre, et par le sens impeccable du timing comique trouvé par Eric Judor au fil des deux saisons de Platane. Une blague comme celle de la douche Aquapark, mal filmée, pourrait s’effondrer dès ses prémisses. Ici, elle se déploie dans un montage et une interprétation d’une précision redoutable, à même de transformer un moment de débilité cosmique en tour de force humoristique et en excellente caractérisation de personnages. Mal maîtrisé, un rôle comme celui de Patrice (alias Doudou) serait vite devenu gênant. Là, la seule pensée de son monologue poussif sur les supermarchés me fait pouffer bêtement. Est-ce parce que Problemos s’avère plus proche d’un esprit Canal circa 2005 que d’un Christian Clavier circa toute sa putain de carrière ? Parce que le portrait de la communauté ne se contente jamais d’une caricature, toute bien troussée soit-elle ? Parce que tout y semble beaucoup plus élaboré et inspiré que 95% des comédies françaises des années 2010 ? Tant de questions, une seule réponse : oui.