JACKY AU ROYAUME DES FILLES de Riad Sattouf

Le nouveau film du réalisateur des Beaux Gosses n’est pas la franche rigolade annoncée, mais franchement, tant mieux. Les auteurs qui prennent le soin de construire de toutes pièces un univers de bric et de broc sont tellement rares qu’il faudrait presque le remercier rien que pour ça. Jacky au royaume des filles est un film unique, qui ne ressemble à aucun autre, dont les velléités de discours sont très loin d’être aussi évidentes que redoutées.

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La première vision fait sourire et pouffer plus que rire aux éclats (quand elle ne verse pas dans le glauque foutrement efficace), mais il est à parier qu’une fois son monde accepté et digéré, Jacky nous réserve de francs moments d’esclaffements – dès le lendemain de la séance tardive, la seule pensée des rimes pauvres du héros en hommage aux chevalins, divinités absurdes de ce pays qui l’est tout autant, suffisait à éclairer une morne journée.

Riad Sattouf vient de frapper un grand, un gigantesque coup. S’il donne l’impression de ne pas dépasser la note d’intention – la faute à une mise en scène en retrait, refusant le souffle épique pour mieux coller à ses personnages -, il parvient à retourner toutes les attentes du spectateur dans un dernier acte d’une témérité folle, et surtout dans une ultime scène encore plus gonflée ; d’ores et déjà, à n’en point douter, l’une des plus mémorables de l’année.

Les menues réserves quant aux partis pris esthétiques du film volent en éclats, se justifient entièrement à l’aune de ce retournement de situation qu’il serait criminel de raconter plus avant. Rendez donc service au cinéma français, même s’il ne vous l’a jamais rendu (ce bâtard), et foncez voir le second long-métrage de Riad Sattouf.