Calmement mais fermement, Gansel se construit la filmographie la plus grandiosement aberrante de la jeune génération de réalisateurs allemands. Après le grotesque La Vague (alias “le fascisme pour les nuls“) et le très drôle Nous sommes la nuit (alias “les vampires lesbiennes pour les puceaux“), Dennis se sent tout chose et se lance carrément dans le film d’espionnage plus ou moins politique ; à Moscou, parce que ça sent bon la guerre froide. Le grand Moritz Bleibtreu joue un journaliste qui ne comprend rien à ce qui lui arrive : il enquête sur les services secrets russes, et il se retrouve en prison ! C’est fou. Bon, au moins, Gansel ne se cache pas derrière le label “inspiré de faits réels“, et tente de faire le film à sa sauce : efficace à défaut d’original, la pédale douce sur les effets pompiers qu’il chérissait tant, et concentré jusqu’à la rupture d’anévrisme sur son script aux enjeux dénonciateurs. Du coup, Dennis pédale gentiment dans la semoule quand il s’agit de tout balancer, mais Moritz, tout concerné et beau dans l’humiliation, vaut bien une valse.
THE FOURTH STATE de Dennis Gansel
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