GOLD de Stephen Gaghan

Chercheur d’or, héritier du job paternel, bedonnant, alcoolique, avec un rapport débilitant à l’argent et simplement débile avec les femmes, Kenny Wells est une synecdoque sur patte de l’Amérique que tout le monde adore détester, limite un peu trop voyante. Au bout du rouleau à carte bleue, il tente le tout pour le tout et s’en va financer le projet d’un géologue tricardisé. Bingo : sur place, au sortir d’une malaria indonésienne de derrière les fagots, Kenny se réveille pour apprendre qu’il est l’heureux propriétaire d’une mine d’or flambant neuve. D’où retour au pays conquérant, entrée en bourse, richesse orgiaque, puis dégringolade, parce que sinon où est l’intérêt ?

Hein, où ?

Oh, regardez, Matthew McConaughey essaie de choper un deuxième Oscar avec les dents ! Ou plus exactement avec le bide, qu’il met autant en avant que sa calvitie pour bien montrer son investissement à tous les passants. Oui Matou, on a vu, pas besoin de nous cracher la fumée à la gueule ou d’en foutre partout quand tu picoles. Même Edgar Ramirez a l’air gêné lors de leur première rencontre – bon, ok, c’est l’intention, comme quand mister All-right-all-right-all-right se jette dans la boue pour retenir ses ouvriers indonésiens pas payés sur l’air de « alleeeeeeez faisez pas les putes revenez me chercher de l’or les mecs putain je veux être riiiiiiiiiche ». McConaughey en fait des caisses, des palettes, des remorques, des paquebots de marque Costa pour donner vie à ce chaînon manquant, que personne ne cherchait vraiment, entre Le Trésor de la Sierra Madre et Le Loup de Wall Street. Faut avouer que ça distrait.
Depuis Syriana, Stephen Gaghan a changé sa paire de gros sabots pour des modèles plus confortables, un peu moins agressifs. Le premier tiers parvient même à convaincre au-delà de ses tricks opératiques assez grossiers mais finalement adaptés au sujet. Dès que le film bifurque du côté de Wall Street, il égare malencontreusement son point de vue. Kenny Wells se conduit de plus en plus comme un abruti vénal, et se présente dans le même temps comme un idéaliste allé jusqu’au bout de ses rêves, où la raison s’achève, tout au bout de ses rêves. Pire, la réalisation de Gaghan finit par se ranger de son côté quand la plèbe vient de lui demander de RENDRE L’ARGENT – pardon, cette campagne interminable parasite tout, même les faux films d’auteur hollywoodiens qui se la pètent un peu trop alors qu’ils n’ont rien à dire, confortablement lovés dans la fascination du seul pouvoir dramatique de leur sujet.