LA MOMIE de Alex Kurtzman

Dans le rôle de Tom Cruise, le Tom Cruise des années 2010 la joue Indiana Jones de bac à sable, pas super futé dès qu’on lui colle un flingue dans la main, plus gênant que jamais avec la gente féminine. Son sidekick comique zombie possédé fait ce qu’il peut pour oublier son triste statut de clin d’œil un peu trop appuyé au Loup-Garou de Londres, puis Russell Crowe décide de voler le film dans le rôle de Henry Jekyll. Non contentes d’être ratées, toutes ces parties s’annulent les unes les autres.

Tom Cruise court après sa jeunesse perdue

Le chant du cygne du Belmondo américain insecure. Depuis quelques années, l’air de rien, avec une mine putesque de ne pas y toucher, Universal tente de lancer une franchise autour de ce bestiaire du cinéma fantastique dont elle a le malheur de posséder les droits. Après des ballons d’essai foireux autour de Dracula et du Loup-Garou, l’idée géniale : injecter un budget disproportionné dans une production réalisée par un quasi novice et portée par une méga star en plein doute, le tout pour lancer une franchise cinématographique regroupée sous l’intitulé de « Dark Universe ». Je te regarde droit dans les yeux bébé, et je vois des dollars, des piscines, des bimbos et des mimbos en petite tenue, du Champagne californien, des fins de soirées un peu tristes et accessoirement des films de pseudo horreur classés PG-13. L’homme invisible, la créature de Frankenstein, Van Helsing, Jekyll & Hyde et donc la Momie doivent ainsi se croiser à de multiples reprises dans une série de films inaugurée par cette production signée Alex Kurtzman, un type dont trois visions quasi successives de la fiche IMDB ne suffisent pas à faire mémoriser le parcours rempli de « scripts » pour les blockbusters les plus impersonnels de la décennie. Le pauvret fait ce qu’il peut pour délivrer le rendu le plus pro possible, avec une moitié de morceaux de bravoure à peu près réussis, et l’autre à peu près rattrapée au montage. Et encore, en faisant abstraction d’un script mal écrit à six mains, et en acceptant le numéro croquignolet de Russell Crowe dans l’une de ses meilleures roues libres depuis ses tours de chant des Misérables.
Forcément, inévitablement, ce lancement de business plan ne manque pas de se faire bouffer par l’aura de son acteur principal. Tom Cruise veille à la perpétuation de son mojo dans un rôle qui pourrait être écrit pour un jeune premier de deux fois son âge. Il cascade spectaculairement, fait péter la quasi full frontal nudity dans une morgue, binge drink comme si demain n’existait pas, il court, il court si vite pour fuir l’approche de la soixantaine et en imposer toujours un peu trop, quitte à mettre tout le monde mal à l’aise. Quoi qu’il arrive, Tom Cruise le surhomme intimidant se relèvera d’une façon ou d’une autre. Pour le Dark Universe, c’est une autre paire de manche. Dans le meilleur des cas, il prendra conscience des pièges tendus par une telle initiative et se détournera de la tentative de greffe forcée d’éléments tous plus mal traités les uns que les autres. Selon toute vraisemblance, ce ne sera qu’une nouvelle démonstration obscène de jet d’argent du déshonneur par les fenêtres de la souillure, réalisée par des tocards et remontée suite à des études de marché encourageantes troussées par des fils de pute sans goût.