La scène se déroule de nuit. Fleur Pellerin se déplace aux abords d’un multiplexe métropolitain, banni du territoire de la République pour sa programmation de films honteux. Entourée de journalistes, de photographes, assaillie par des spectateurs à bout, la Ministre se fraie difficilement un chemin. Une fenêtre s’ouvre à l’étage de l’établissement. Un projectionniste hagard, Guillaume P., interpelle la représentante de l’Etat de droit. « On n’en peut plus, nous, c’est pas une vie, madame. Vous avez déjà nettoyé une salle avec le générique de fin des Profs 2 en fond sonore ? Vous savez ce que ça fait d’en connaître les paroles par cœur ? ». La Ministre de la Culture hoche de la tête d’un air entendu, et lui lâche en retour : « Vous n’en pouvez plus, hein ? Vous en avez assez de Kev Adams ? Eh bien on va vous en débarrasser. » Guillaume se réveille subitement, suspendu à quelques mètres au-dessus du sol par un fil déroulé avec un savant doigté par ses camarades Lisa et Loïc. Une goutte de sueur perle à son front, il la rattrape in extremis au creux de sa paume. Plus que quelques centimètres… ça y est, il a accès au port USB de l’ordinateur portable. Il insère délicatement la clé, et avec elle, le logiciel qui remplacera automatiquement, dans le scénario d’Aladin 2, le nom du héros par l’expression « petite naïade gâtée par la puberté », le mot « vizir » par « Edouard Balladur », et toutes les mauvaises blagues par un gif animé de Popeck. Guillaume se réveille, apaisé, serein et un rien honteux, comme après un rêve érotique. Il fredonnerait presque « Fuck le Vizir ».
LES PROFS 2 de Pierre-François Martin-Laval
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