A STAR IS BORN de Bradley Cooper

Le mélodrame demande plus qu’une suspension d’incrédulité : un abandon. Prends-moi tout, film, vends-moi tes salades, tes chimères, palpe-moi les glandes lacrymales, grand fou. Si ne serait-ce qu’une infime résistance persiste, la douleur va grandissante, toutes celles et ceux que j’ai tenté de convertir aux charmes bourrus de Bollywood peuvent en témoigner entre deux spasmes.

Et là, à la trentième seconde, à la vision du logo Live Nation, le doute. Le biais d’appréciation qui va aller en s’empirant. À l’instar de cette structure mastodonte broyeuse de concurrence, cette tenace et sale impression que A Star is Born nous vend de la standardisation et du formatage via la starification bornesque de son personnage féminin principal.

Les bonnes intentions de Bradley Cooper, so adorable quand il passe la main dans sa tignasse de petite salope alcoolique à l’accent arizonien feulant comme la caresse d’un pitbull ivre, finissent par se transformer en vanity project paré dans sa fausse humilité au profit de sa Gaga si belle, d’un coup, dans la lumière mordorée. Bradley boit pour oublier qu’il fume, fume pour oublier qu’il filme.

La photo flamboie, superbe, insolente, indolente. Les séquences de concert brillent plus que le reste, comme dans Song to Song de Malick – les scènes de festivals ne sont plus seulement envahies de sponsors, les voilà à présent blindées de réalisateurs en pleine crise d’indépendance. Une certaine idée de l’enfer, quelque part.

Plus le film avance, plus l’antipathie galope et le dépasse sur sa gaucherie. Si le projet vous séduit, tant mieux pour vous. Si vous entretenez le moindre doute, prenez bien en compte que ça dure 2h17.